Autohebdo est Charlie…
Une semaine après l’attentat contre Charlie Hebdo, l’hebdomadaire du sport automobile dédie sa couverture à la mémoire des 17 victimes du terrorisme et de la barbarie. Autohebdo rend aussi hommage à Georges Wolinski en relatant sa rencontre avec la course automobile.
« La course à la liberté vient de perdre ses plus grands Champions »
Cette année 2015 démarre bien mal !
Après avoir titré le 7 janvier sur le décès de Jean-Pierre Beltoise, le n°1994 d’Autohebdo du 14 janvier 2015 rend hommage aux victimes des tueries qui viennent de mettre près de 4 millions de Français dans la rue pour marquer le refus de la barbarie et affirmer la nécessaire liberté d’expression.
Un dessin de Jean-Louis Fiszman occupe toute la couverture d’Autohebdo, il associe la course automobile et le crayon comme symbole de cette liberté et de la tuerie.
Le lien entre caricature et sport automobile, c’est le regretté Wolinski qui l’a le mieux traduit et Autohebdo a intelligemment choisi de nous le rappeler dans un article où Madie Pescarolo et Hervé Poulain, qui ont bien connu Georges Wolinski et en gardent un souvenir ému, témoignent. Voilà une synthèse de l’article écrit par Jean-Marc Teissedre.
Wolinski, cet amoureux des belles carrosseries
« À la fin des années 60, Madie, qui est alors… Madame Hervé Poulain, se rappelle très bien de sa première rencontre avec Georges Wolinski. « C’était en 1967, sur la plage de Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes. Ndlr), où deux fillettes passaient leur temps à dessiner. Je leur ai demandé qui leur avait appris à si bien tenir un crayon lorsqu’est arrivé leur père. L’ayant reconnu, je l’ai salué par un « Bonjour monsieur Wolinski » qui l’a surpris. » C’est le point de départ d’une rencontre qui va avoir un prolongement imprévisible… »
Madie Poulain va, en 1971, devenir attachée de presse aux Editions du Square qui éditent entre autres Hara Kiri. Cette aventure va durer une décennie.
Hara Kiri s’arrête en 1981 et laisse la place en 1982 à Charlie Hebdo qui faute de succès arrêtera à son tour avant de renaitre en 1992. Le journal est édité par les Editions Kalachnikov (!). Madie devient par la suite Madame Pescarolo, décision qui lui vaut, selon Autohebdo, le respect de ses amis caricaturistes.
En 1986, Hervé Poulain vend aux enchères, à la demande de Wolinski, des dessins.
« De là nait une amitié qui va conduire le caricaturiste au bord des pistes. « Dans un premier temps, concurrent du Trophée Lamborghini avec Eric Graham, je demande à Georges de me dessiner une auto comme il pense que le peuple en rêve. », raconte Hervé Poulain. « Je vais la couvrir de femmes dévêtues comme des fleurs en semis. Rubens n’a pas arrêté de peindre des femmes à poil et personne ne s’en est plaint… »
Voilà comment Hervé Poulain réussit à l’intéresser à la voiture, pardon à la bagnole ! »
« Un an plus tard, en examinant le règlement des 24 Heures du Mans 1998, Hervé Poulain se rend compte que les voitures victorieuses de leur catégorie lors de l’édition précédente se retrouvent invitées d’office. La belle affaire pour lui permettre de faire une énième fois ses adieux à la compétition, et ce à moindre frais, entouré de deux autres gentlemen-drivers.
« Mon choix se porte sur la Porsche de l’équipe Haberthur et mes amis Eric Graham et Jean-Luc Maury Laribière, alors que je demande à Wolinski de penser à un dessin sachant que ce dernier, patron des tuiles TBF, souhaite voir son soutien à l’opération apparaitre. Sa réponse est claire : Vous aurez des femmes, beaucoup de femmes, dévêtues, en train de bronzer sur le toit d’une maison avec des gars sur des échelles en train de monter les rejoindre. Je veux faire comme Toulouse-Lautrec qui a fait le décor de La Goulue à la fin de sa vie, lorsqu’elle recevait dans une modeste cabane. Cela correspond à la fête du Mans. »
« Au pesage des 24 Heures du Mans 1998, public et concurrents découvrent ainsi une 911 GT2 qui s’ajoute à la lignée des Arts cars dont Hervé Poulain est fier d’avoir été l’initiateur […] « Au Mans, Georges a passé avec nous toute la semaine, finissant par découvrir un univers qui lui était totalement étranger et nous avons gardé tous les deux un souvenir extraordinaire de cette aventure […]
je dois dire que je n’ai jamais vu quelqu’un d’une acuité des sens pareille, à qui rien n’échappait. A cela j’ajouterai qu’il incarnait la vertu de tolérance si bien que je l’appelais, ce qui est rare entre deux hommes, mon bien-aimé… » «
Un humour corrosif
« Le sport automobile est aussi dans le viseur des caricaturistes, il n’est pas épargné et sert de ressort pour nous confronter à la réalité. Puisse Charlie rester debout et continuer à nous déranger pour nous faire réagir, réfléchir et rire. C’est ça l’esprit Charlie ! »