Dans le monde des collectionneurs, les boites de petites voitures ou de jouets anciens sont souvent déconsidérées. Si l’on peut comprendre que l’on acquiert les modèles réduits anciens sans boite pour des raisons financières, il est vraiment dommage de se désintéresser de ces emballages au charme fou.
Ne passez pas à côté des boites…

La passion pour les voitures miniatures et de manière plus large pour les jouets anciens ne se dément pas. La nostalgie, l’odeur de notre enfance guident bien souvent nos recherches et nos collections.
Certains préfèrent les jouets qui ont vécu, lorsque les traces de jeu sont marquées à jamais, d’autres recherchent les jouets dans leur état d’origine, à l’état neuf, jusqu’à, pour les plus exigeants, vouloir l’objet dans sa boite d’origine.
Bien sûr tout est une question de coût et en toute logique la priorité va à l’objet.
Et pourtant…

Tout d’abord le jouet sans réel emballage

La boite est le premier contact avec le jouet ; elle va attirer l’œil puis la vente. Alors très vite, cet élément de communication va devenir primordial pour les industriels du jouet et les boites conçues comme un simple emballage, un élément protecteur, vont devenir au fil du temps un objet travaillé, esthétique, propre à attirer le regard.
Jusqu’à la fin des années 1920, les emballages individuels étaient réservés aux jouets de grande taille comme les jouets mécaniques en tôle et les poupées. Les boites sont alors une simple protection de l’objet, un cartonnage non imprimé où seule une étiquette précise la marque et la référence. Les petits jouets n’ont pas d’emballage, ils sont vendus à l’unité par le marchand qui les emballe dans un sac de papier.
Tout va changer dans les années 1930 alors que l’industrie du jouet prend un essor important. Le jouet se démocratise et réduit sa taille en même temps que ses coûts. Les nouveautés sont nombreuses et on voit apparaitre dans le domaine qui nous intéresse le plus, les voitures réduites au 1/43ème. Les « jouets de bazar » se multiplient et leur distribution s’intensifie dans les grands magasins.
Meccano, créé par Franck Hornby en 1901, va accélérer la diversification des jouets et utiliser de manière plus intensive la boite individuelle, fort de son expérience avec les boites de Meccano, un des premiers exemple de boitage attractif.

Puis la boite devient outil de communication

Meccano, présent dans le domaine du train, va créer un nombre important de nouveaux jouets à partir de 1932, on peut citer le « Constructeur d’avions », le « Constructeur d’automobiles », les canots Hornby. Les boitages vont rapidement s’améliorer et adopter un graphisme montrant le modèle censé être reproduit par le jouet.
Parallèlement, toutes les marques vont travailler sur les emballages et jusqu’à la seconde guerre mondiale, ils vont nous offrir des graphismes plein de charme, des dessins enjolivant le plus souvent la réalité, sur la base d’étiquettes collées sur des papiers au style art déco.

Les petites voitures ne vont pas bénéficier de boite individuelle avant les années 1950, seuls les accessoires, bateaux et les compositions de plusieurs objets auront droit à un coffret, le plus souvent créé sur le style des grandes boites, carton fort, papier peint, étiquette illustrée.

Et la boite se généralise dans les années 50

La production de jouets reprend après la guerre et très vite, les fabricants vont généraliser le boitage individuel pour tous types de jouets. D’abord simpliste à cause des restrictions de la guerre, les boites vont très vite évoluer pour attirer les enfants. Trains, bateaux, pistolets… tout va s’emballer.

Pour les petites voitures, la vente à l’unité, sans boite, va encore durer quelque temps mais rapidement elles vont bénéficier des petits « garages » en carton. Les industriels  vont rivaliser d’idées pour rendre attractive la petite boite et on observe bien souvent que plus le jouet est simple et approximatif, plus le graphisme de la boite est travaillé.
C.I.J, JEP, Norev, Minialuxe, Corgi Toys… et bien sûr Dinky Toys  vont entre 1950 et 1955 peu à peu introduire la boite.
Les boites seront désuètes les premières années, voire minimalistes comme pour Dinky Toys, puis leurs dessins vont s’affirmer, les renseignements techniques de la vraie voiture pourront parfois s’afficher. Le graphisme au début des années 60 va devenir réaliste, la voiture étant intégrée à un paysage ou une situation. La boite va réellement devenir un élément de communication, permettant de repérer à distance la marque et le type de modèle. Dinky encore une fois impose sont style, la boite jaune pour les voitures, le coffret blanc rayé bleu pour les Supertoys.

Et puis, vers 1970, la boite va céder aux sirènes du plastique, un peu avant que les petites voitures ne soient à leur tour défigurées. Le dessin disparait et l’emballage devient stéréotypé et froid, le rêve fait place à l’ennui, les enfants se détourneront des petites voitures dans les années 80.

Plaidoyer pour ne pas passer à côté des boites de jouets

Les boites de jouets anciens sont passionnantes pour leur caractère insolite et représentatif d’une époque. Elles sont le reflet des habitudes et des préoccupations d’un moment de notre histoire, elles traduisent la situation financière, l’esthétique, la typographie d’une période.
Elles ont traversé le temps, résisté aux mains brouillonnes des enfants, accumulé une patine et une odeur. Elles sont le témoignage irremplaçable d’époques révolues.

Mais j’entends déjà l’argument couperet : « les boites anciennes sont chères, trop chères, parfois plus que le jouet lui même ».
C’est parfois vrai, c’est souvent faux. Par exemple dans le domaine de la voiture miniature ancienne, la boite représente le plus souvent 25 à 30% du prix d’un modèle neuf en boite.
Il en est ainsi pour 80% des modèles et il n’est pas forcément nécessaire de rechercher les quelques boites effectivement hors de prix. Alors faites le tri et ne passez pas à côté des boites de miniatures et de jouets.

Nos industriels, après 30 ans de traversée du désert, ont bien compris le capital sympathie de ces boites anciennes, elles sont une source d’inspiration pour des marques comme les Editions Atlas ou Minialuxe. Elles ne s’adressent plus à l’enfant mais au collectionneur qui découvre ou redécouvre ainsi le charme des jouets anciens et de leur boite.