Une voiture historique, célèbre ou simplement originale. Une reproduction en miniature de cette automobile. Un rendez-vous mensuel…
Ce mois-ci, la Mirage Gulf GR8 et sa reproduction au 1/43ème par Solido. Il y a 40 ans, la Mirage aux couleurs de Gulf remportait les 24 heures du Mans. Année de transition, 1975 verra s’inscrire au palmarès une des rares victoires d’un constructeur indépendant.
En 1975, les 24 Heures du Mans n’attirent pas les passions. Nous sommes en effet en plein choc pétrolier et les organisateurs imposent une nouvelle réglementation qui barre la route aux prototypes des années passées. Fini les duels Matra – Ferrari, les moteurs turbo, une consommation maximale de 40 litres aux 100 km est imposée aux concurrents.
Comme d’autre part les 24 Heures ne figurent plus au Championnat du monde d’endurance, aucune grande marque n’est présente, si ce n’est Porsche avec les antiques 908. Les petits constructeurs vont relever le défi avec des chances réelles de victoire, on pense à Ligier et à Mirage mené par John Wyer.
John Wyer, 6 victoires au Mans
John Wyer possède une énorme expérience des 24 Heures et un palmarès impressionnant comme manager. C’est lui qui en 1959 emmène l’Aston Martin à la victoire, après 10 ans à la tête de l’écurie Aston Martin. En 1963 il intègre Ford et va permettre les victoires de la GT40 de 1966 et 1967 au sein du Team Shelby-American Inc.
Fin 1967, Ford arrête son programme de compétition. John Wyer et John Willment, avec l’appui du pétrolier Gulf, forment le J.W. Automotive et lancent la Mirage. Pour les 24 Heures du Mans, l’écurie reprend les Ford GT40 avec un moteur de 4,7 litres pour répondre à la nouvelle réglementation et sous les couleurs bleu et orange de Gulf. John Wyer remporte la course en 1968 et 1969.
En 1970, la Ford est remplacée au sein de l’écurie par la Porsche 917. Il remporte les 24 Heures de Daytona 70 et 71 mais pas Le Mans. Qu’importe, en 1970, le film Le Mans est tourné avec Steve McQueen au volant de la Porsche 917 de l’écurie, rendant ainsi les couleurs du pétrolier Gulf Oil légendaires.
Nouvelle réglementation en 1972, les 917 sont bannies. John Wyer reprend alors le projet de construction de la Mirage, sur la base d’une GT40 Mk I. Le développement prendra quatre années jusqu’à la victoire de 1975.
L’année suivante, John Wyer se retire de la compétition.
Mirage s’impose au Mans
De 1972 à 1974, John Wyer va développer la Mirage dans l’ombre de Ferrari et Matra et terminera 6ème, 4ème et 2ème des Championnat du Monde des voitures de sport.
Mais en 1975, particulièrement touché par la crise pétrolière, Gulf est contraint de réduire le budget alloué à l’équipe de John Wyer. L’écurie britannique décide alors de concentrer ses efforts sur les 24 Heures du Mans, après les forfaits d’Alfa Romeo et d’Alpine Renault. Wyer fait construire deux nouvelles voitures, les GR8, dérivées des GR7 de l’année précédente.
La Mirage GR8 reçoit une élégante carrosserie aux formes arrondies, plus fluide que la GR7. Le moteur est toujours le V8 Ford Cosworth d’une puissance de 380 ch. permettant une vitesse de pointe supérieure à 300 km/h.
Pour les 24 Heures, on l’a vu, l’opposition est faible et Mirage fait figure de favoris face aux Ligier JS2, Porsche 908, Lola-De Cadenet et Alpine Renault 2l.
Deux Mirage sont engagées aux mains de pilotes de renom : la n° 10 de Jean-Pierre Jaussaud et Vern Schuppan et la n° 11 de Jacky Ickx et Derek Bell.
Comme prévu les Mirage sont les plus rapides et Ickx s’octroie la pôle position devant Jaussaud, la meilleure Ligier est à 4 secondes et la Porsche 908 Joest à 6 secondes.
Les Mirage vont contrôler toute la course, Jaussaud – Schuppan prenant la tête pendant la première heure de course, puis Ickx – Bell passant en première position dès la 2ème heures. Malgré une vibration du moteur Ford Cosworth à partir du dimanche matin, la n°11 garde la tête jusqu’à la ligne d’arrivée, couvrant 4 595,577 km à 191,482 km/h de moyenne, devant la Ligier n°5 de Lafosse – Chasseuil qui a profité des ennuis des Mirage et termine à seulement un tour. La Mirage n°10 complète le podium à 5 tours.
Il s’agit de la première victoire d’un constructeur indépendant, l’exploit sera renouvelé en 1980 par Jean Rondeau. C’est la 2ème victoire de Jacky Ickx et la 1ère de Derek Bell, deux monuments du Mans puisque le premier inscrira six victoires à son palmarès, le second cinq.
La Mirage Gulf GR8 par Solido
Au milieu des années 70, Solido est la marque de miniature qui suit le mieux l’actualité automobile. Le Mans est naturellement l’attrait principal pour une marque française et la Mirage Gulf GR8 est proposée au catalogue dès 1976.
Nous sommes sur les standards de qualité de l’époque, c’est à dire avec moins de détail que les reproductions actuelles, mais comme toujours, nous avons un faible pour les miniatures contemporaines de la vraie voiture. La Solido possède des lignes fidèles et une décoration conforme à la Mirage vainqueur. La pose des décalques n’étaient, de mémoire, pas évidente compte tenu des formes arrondies de la voiture. Le poste de pilotage, les rétroviseurs, les roues… contribuent à la bonne impression générale.
La Mirage Solido porte le n°38 et parait dans la série Gam 2 et elle est livrée en boite vitrine orange illustrée. Curieusement le nom Mirage n’apparait pas, elle est nommée Gulf Le Mans 1975, curieux également l’indication « moteur miniature » alors qu’aucune partie ouvrante ne permet de le voir.
Cette Solido peut s’aquérir neuve dans sa boite d’origine pour 30€ maximum. Dans les productions actuelles, on peut citer les modèles de chez Ixo et de chez Spark.