Une voiture historique, célèbre ou simplement originale. Une reproduction en miniature de cette automobile. Un rendez-vous mensuel…
Ce mois-ci, la Jensen Interceptor FF et sa reproduction au 1/43ème par Dinky Toys. Cette miniature a permis à toute une génération de découvrir cette Jensen. 50 ans après sa commercialisation, il faut se souvenir qu’elle rivalisait avec les meilleures voitures de luxe.
Jensen FF, une première mondiale
En matière d’automobile, la notoriété arrive parfois par des chemins détournés et la voiture miniature a souvent été un des vecteurs de célébrité. Les constructeurs l’ont bien compris puisque beaucoup ont passé des accords avec les fabricants de miniatures pour faire mieux connaitre leurs modèles. Mais au-delà des accords commerciaux, il existe des voitures qui seraient restées dans l’ombre sans le choix d’un fabricant de la reproduire, la Jensen FF est de celles-ci.
Jensen Motors est une marque anglaise, fondée en 1934 par les frères Richard et Alan Jensen à West Bromwich. Spécialisée dans la carrosserie automobile de luxe, la marque va concevoir son premier modèle grâce à l’acteur Américain Clark Gable qui leur demande un cabriolet sur un châssis Ford à moteur V8. Une petite production de Jensen Ford est lancée, les frères Jensen deviennent constructeurs d’automobiles.
Dès lors, à partir de 1936, les Jensen vont produire les premières autos portant leur marque, la berline H-Type et la découvrable S-Type, ces modèles seront suivis de deux autres mais la guerre arrête la production.
La reprise en 1950 se fera avec la Jensen Interceptor de première génération puis avec plusieurs évolutions de la 541. Toujours dans le domaine de la voiture de luxe, les productions resteront confidentielles et en définitive, Jensen est sans doute plus connu pour son activité de carrosserie, sous laquelle il va collaborer à la construction des Austin-Healey 100 et Volvo P1800.
C’est en 1965 que Jensen va entreprendre le modèle qui restera le plus emblématique de la marque. Au salon de Londres, le prototype de la deuxième génération de la Jensen Interceptor est présenté, et l’année suivante, en 1966, démarre la mise en production de ce coupé grand tourisme.
Le dessin de la carrosserie a été confié au milanais Touring que se fera aider du carrossier Vignale. Prévue pour être assemblée en Italie, la production est rapidement rapatriée en Angleterre à l’usine Jensen.
La ligne de l’Interceptor est moderne, l’avant fait penser à l’Aston Martin DBS de 1967, l’arrière reçoit une grande bulle vitrée avant gardiste. Un très long capot abrite un puissant moteur, le V8 Chrysler Typhoon de 6.3 litres de cylindrée qui développe 335cv et emmène la voiture à plus de 220 km/h. L’intérieur est au niveau des plus hauts standards de qualité , l’Interceptor reçoit de luxueuses moquettes en laine Wilton et les sièges sont habillés de cuir Connolly. La concurrence a alors pour nom Aston Martin, Jaguar, Bentley…
A côté de ce luxueux mais conventionnel coupé, Jensen va développer un modèle plus innovant. L’Interceptor va être équipée d’une transmission intégrale de marque Ferguson et d’un ABS signé Dunlop, extérieurement elle se distingue du modèle de base par les deux ouïes des ailes avants au lieu d’une seule et par un bossage sur le capot.
Elue « Car of the year 1967 », la Jensen FF Interceptor est une voiture réellement innovante au plan technique, elle est ainsi la première voiture de série non tout-terrain, de l’histoire, à recevoir une transmission quatre roues motrices et un ABS. Elle est considérée comme « the world’s safest car » (la voiture la plus sûre du monde). Mais le prix de vente élevé de la FF et son volant proposé uniquement à droite pénalisent fortement la demande, sa production sera arrêtée en 1971, 320 Jensen FF auront été produites. Il faudra attendre 1978 pour trouver une quatre roues motrices sur une routière avec l’Audi Quattro.
La carrière le la version classique de l’Interceptor sera plus longue et connaitra quelques évolutions dont la plus significative est la réalisation d’un cabriolet en 1974. Mais en 1975, la marque connaît de grosses difficultés financières à cause notamment du premier choc pétrolier. La production de l’Interceptor s’arrête en 1976, 6400 modèles auront été vendus en 10 ans, principalement en Angleterre et aux Etats Unis.
Jensen Motors dépose le bilan et disparaît en 1976.
La Jensen FF par Dinky Toys Grande Bretagne
Comme on l’a évoqué, la notoriété de la Jensen, tout au moins en France, doit beaucoup à Dinky Toys qui a choisi d’ajouter la FF à son catalogue. La marque de Liverpool est une des seules, avec Politoys, à avoir reproduit l’Interceptor à sa sortie.
A la fin des années 1960, Dinky Toys, qui connaît des difficultés, cherche les voies de l’originalité, ainsi, un certain nombre de voitures de salon ou de petites séries intègrent le catalogue, on pense aux Dino Ferrari, Ferrari P5, Lamborghini Marzal, De Tomaso Mangusta… et bien sûr la Jensen FF.
C’est en 1968 que ce modèle apparaît chez Dinky Toys Grande Bretagne sous la référence 188. Dès 1969 il est importé en France et numéroté 188 L, le L étant ajouté pour toutes les importations.
Le coupé Jensen FF est traité au 1/43ème, il possède le capot et les portières ouvrants, les vitres reproduisent bien la grande bulle arrière, l’intérieur noir est bien détaillé, les phares sont scintillants et les roues sont en alliage. Livrée en boite cristal transparente sur socle jaune et noir, la FF sera toujours de coloris jaune vif avec prises d’air latérales soulignées en argent ou en noir. Produite jusqu’en 1975, la FF connaitra une carrière parallèle dans la gamme Dinky Action Kit, de 1971 à 1975, sous la référence 1007, cette fois elle est livrée en pièces détachées, la carrosserie étant peinte en bleu.
Les lignes de la Jensen sont bien rendues et la voiture apparaît imposante dans sa livrée jaune. Elle est une des dernières Dinky Toys anglaises vraiment fidèle et sérieusement traitée, très vite les modèles vont adopter les roues « rapides », des couleurs peu réalistes et des échelles fantaisistes. Cette Jensen est donc intéressante, elle est également une des premières anglaises importée en France, rappelons que les Dinky Toys Anglais, alors introuvable ont longtemps fait rêver les petits Français.
Modèle assez courant, il se négocie aujourd’hui autour de 100€, neuf et en boite.