C’est une tradition qui a commencé en 1949, chaque fin d’année, Ferrari produit un album à tirage limité où il raconte sa saison automobile, sportive et industrielle : c’est l’Annuario, plus connu sous le nom de Yearbook. Objet culte qui fait le bonheur des collectionneurs, voici l’histoire de ces annuels et plus particulièrement de celui paru en 1966, il y a 50 ans.
Annuario, Yearbook, Annuel…
Malgré son rêve d’enfant, Enzo Ferrari ne devint pas chanteur d’opéra, cependant, il ne renonça pas totalement à un autre de ses rêves, la littérature. Grand amateur des auteurs classiques, comme Stendhal, et bibliophile averti, il a mis sa passion pour l’écriture au service de son autre passion, la course automobile. C’est ainsi que dès la création de la Scuderia Ferrari, en 1929, sortira une abondante littérature. Sous des formes multiples, de la feuille dactylographiée et dupliquée, jusqu’aux albums mensuels, Enzo Ferrari publie, au gré de son emploi du temps, de nombreuses revues.
Après la guerre, à la naissance de la marque Ferrari, il n’a pas perdu son idée de raconter les évènements, les succès, les automobiles et les hommes. Enzo laisse passer les premiers mois et s’accumuler les premiers succès avant d’entreprendre la publication, fin 1949, du premier « Annuario », appelé en France « Annuel » et en Angleterre « Yearbook ».
La couverture de l’album, qui retrace l’intégralité des activités de la marque, affiche le Cavallino Rampante et victoires en trois langues : « victoires-affermazioni-victories ». Le programme est clairement affiché, il ne changera pas jamais.
De 1949 à 1970, les éditions rares
L’épopée des annuels commence donc en 1949, elles s’arrêtera pour la première série en 1970. Ces éditions sont rares et très recherchées par les collectionneurs. Il faut dire que ces Annuari étaient distribués à un très petit nombre d’exemplaires, lors de la traditionnelle conférence de presse de début de saison qui dressait le bilan de l’année écoulée. Enzo n’avait plus le loisir d’écrire aussi, c’est tout d’abord le journaliste Gino Rancati puis le secrétaire d’Enzo Ferrari, Franco Gozzi à partir de 1962, qui rédigeaient les textes.
Au fil des années la pagination augmentera passant d’une cinquantaine à plus de deux cents, le format variera lui aussi : 21,5 x 28 cm, 21,5 x 31cm puis 23 x 29 cm. Le tirage évoluera de 1200 à 5000 exemplaires, sauf l’édition de 1950 qui ne sera distribuée qu’à 600 exemplaires. Particularité de cette première période, il n’y a pas d’annuel en 1967, alors que 68, 69 et 70 sont regroupés dans un seul ouvrage.
Ces Yearbook de Ferrari s’arrachent aujourd’hui à prix d’or dans les ventes aux enchères ou chez les marchands spécialisés. Un Annuario 1949 ou 1950 à moins de 5000 euros est considéré comme une affaire. Les autres annuels de cette première période franchissent tous la barre des 500 euros, voire celle des 1000 et même 2000 euros pour les exemplaires des premières années en bon état.
A signaler que des éditeurs américains ont réédité les Yearbook 49, 50, 57, 60, 63 et 66, rigoureusement au même format, ils se reconnaissent par l’absence de photos couleurs.
De 1972 à 1979, les éditeurs extérieurs
Pour cette courte période, l’usine Ferrari laisse un éditeur milanais produire les annuels à sa place. De moins bonne qualité et de sortie irrégulière, ces albums sont le plus souvent disponibles en kiosque et sont produits à plus grand tirage pouvant aller jusqu’à 40 000 exemplaires. Ils sont fort logiquement moins appréciés des collectionneurs, ils leur manquent l’originalité, le ton, la qualité, de l’édition originelle. Ils se négocient aujourd’hui autour de 100€.
De 1989 à nos jours, retour à l’authenticité
De 1980 à 1988, toute production d’annuel cesse, mais après le décès d’Enzo Ferrari, en aout 1988, la marque renoue avec la tradition et publie un album destiné aux « amis et collaborateurs ». Depuis cette date, l’Annuario officiel sort régulièrement, il est dédié principalement taux activités sportives de Ferrari. Ces Yearbook sont disponibles dès leur publication dans les points de vente de la marque (concessionnaires ou Ferrari Store), autour de 80€. Albums de grande qualité, ils ne possèdent toutefois plus l’exclusivité de la première génération dont le mythe ne cesse d’augmenter.
L’annuel des 20 ans de Ferrari : 1966
En 1966, Ferrari est une jeune marque âgée de seulement 20 ans, pourtant elle possède déjà un extraordinaire palmarès, ayant obtenu 6 titres de Champion du monde de F1 pour ses pilotes, 11 titres au Championnat du monde des voitures de sport et remporté 9 fois les 24 Heures du Mans.
Pourtant cette année 1966 reste en demi-teinte, pas de titre, pas de victoire au Mans. C’est peut être pour cette raison qu’Enzo Ferrari choisi ce moment pour produire un numéro anniversaire de l’Annuario.
Il faut préciser que si la première Ferrari a vue le jour en 1947, on peut admettre que c’est en 1946 que tout a commencé. C’est d’ailleurs le Commandatore lui-même qui met en avant cette date correspondant à la construction de l’usine de Maranello et à l’étude de la Ferrari 125S.
L’annuel de 1966 est donc un numéro exceptionnel puisque outre le bilan de l’année écoulée, l’album revient sur l’histoire sportive de ces 20 premières années en présentant les images des victoires les plus marquantes.
Le format est de 21,5 x 28 cm et, bien que non paginé, l’album comporte environ 200 pages. La couverture rouge, ornée du Cavalino, est souple et entoilée, plastifiée, la fine pellicule est fragile sur les angles. Rédigé en italien, l’annuel 1966 commence par l’éditorial d’Enzo Ferrari, suivi du résumé des victoires de l’année « Le nostre affermazioni Ferrari 66 », puis trois chapitres structurent l’album :
« La Ferrari alle corse » le résumé des courses de l’année 1966.
« La Ferrari vent anni » les faits marquants des vingt premières années de Ferrari, chapitre qui constitue la partie la plus importante du livre.
« La Ferrari giorno per giorno » les évènements de l’année 1966 mettant en avant les personnalités et se terminant par un portrait de Pininfarina.
Ce Yearbook de la première édition est particulièrement intéressant pour son aspect historique. C’est un bilan des 20 premières années de la Scudéria, durant lesquelles le principal a été fait. Les 50 années qui se sont écoulées depuis cet album n’ont fait que confirmer la domination de Ferrari, dans le domaine de la voiture de sport comme de la Formule 1.