Le premier Grand Prix automobile de l’histoire s’est déroulé il y a tout juste 110 ans, les 26 et 27 juin 1906. C’est sur le circuit de la Sarthe, à proximité du Mans, que l’évènement s’est déroulé, affirmant le rôle primordial de la France dans l’histoire de l’automobile et de la course. Et comme pour confirmer cette domination, c’est une Renault qui remporta la victoire.
La première compétition automobile de l’histoire s’est déroulée entre Paris et Rouen le 22 juillet 1894. C’est le Comte De Dion qui remporta l’épreuve, plus sur des critères de confort que de temps. La première véritable course se déroule l’année suivante, il s’agit de Paris – Bordeaux – Paris, remporté par Emile Levassor.
La compétition automobile est lancée, les courses vont se multiplier, elles ont lieu sur routes ouvertes. La Coupe Gordon Bennett devient une des courses les plus en vue, elle oppose les grandes nations automobile. A partir de 1900, six éditions seront organisées, la dernière en 1905 est remportée par la France.
En 1906, les choses vont changer, en effet l’ACF, Automobile Club de France, fondé en 1895, décide de ne plus participer à la coupe Gordon Bennett, estimant que dans une épreuve où chaque nation était représentée par trois voitures, la participation de la France n’était pas proportionnelle à l’importance de son industrie automobile. L’ACF décide alors d’organiser son propre évènement sportif, le Grand Prix de l’Automobile Club de France.
La préhistoire du circuit du Mans
La grande nouveauté de cette course, c’est qu’à la suite des accidents sur route ouverte, comme ceux qui marquèrent la course Paris – Madrid en 1903, au cours de laquelle périt Marcel Renault, les pouvoir publics et l’ACF vont imposer la tenue d’épreuves sur un circuit fermé à la circulation.
Le Mans, dont la tradition automobile est déjà bien implantée, puisque c’est au Mans qu’est née la première automobile commercialisée (Amédée Bollée), fait acte de candidature. L’ACF retient cette candidature et l’Automobile Club de la Sarthe, qui deviendra l’Automobile Club de l’Ouest, trace un circuit de 103,18 km en forme de triangle.
Des abords du Mans, le circuit passe par Montfort, Saint Calais, La Ferté-Bernard…
Outre la fermeture à la circulation, pour la première fois la sécurité du public est prise en compte, et 65 km de palissade de protection le long du circuit sont érigés au droit des villes et des intersections. Plusieurs passerelles permettent de traverser la voie et une tribune de 2 000 places est construite à la ligne d’arrivée, elle fait face aux stands où les équipes peuvent travailler sur leurs automobiles.
La route étant poussiéreuse et jonchée de pierres, l’ACF a enduit toute la longueur de la piste d’un liquide goudronné, une sorte d’ancêtre de l’asphalte, l’innovation apportée par la course automobile est en marche.
Le premier Grand Prix de l’histoire
Ce premier Grand Prix est historique, il est le premier d’une série qui perdure encore aujourd’hui avec les Grands Prix de Formule 1, héritiers de cette course.
Le circuit de la Sarthe, doit être parcouru à 12 reprises, 6 fois par jour, pour une distance totale de 1 238,16 km.
Ainsi le 26 juin 1906, les 32 concurrents vont s’élancer tour à tour suivant leur numéro de course tiré au sort. Chaque équipe a le même numéro et chaque voiture de l’équipe se voit attribué en complément une lettre A, B, et C pour les distinguer. Les voitures partent une par une toutes les 90 secondes dans l’ordre 1A, 2A, 3A… puis 1B, 2B, etc….
Paul Baras sur Brasier prend la tête de la course mais il se fait dépasser par Ferenc Szisz sur Renault dans le deuxième tour. Szisz fini premier de la première journée devant la Clément-Bayard d’Albert Clément.
Le deuxième jour, 26 juin, les concurrents repartent dans l’ordre d’arrivé de la veille en respectant les écarts enregistrés. La course est difficile à cause de la chaleur qui fait fondre le goudron, les incidents mécaniques sont nombreux et les remplacements de pneumatiques laborieux sauf pour le voitures équipées par Michelin qui a inventé la jante amovible.
A l’arrivée, c’est la Renault type AK de Ferenc Szisz, un Hongrois de 32 ans, qui triomphe devant la FIAT de Felipe Nazzaro et la Clément-Bayard du jeune Clément. Au cours de l’épreuve, qui a vu de très nombreuses crevaisons, la Renault a été fortement avantagée par la jante amovible Michelin dont elle était équipée, tout comme la Fiat de Nazzaro. Le vainqueur a parcouru la distance en 12h 14mn 7s à la moyenne de 101 km/h. Il réalise également le record de vitesse en atteignant 154 km/h sur les lignes droites du circuit. Seules 11 voitures figurent à l’arrivée.
La Renault AK est ainsi la première voiture à remporter un Grand Prix automobile. Équipée d’un moteur de 13 litres de cylindrée et de 90 chevaux de puissance la Renault était une monoplace répondant aux normes établies par la jeune Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) qui est installée à Paris, place de la Concorde, depuis 1904.
Sur le podium, le vainqueur Ferenc Szisz exprima la crainte ressentit lors du dernier tour de la course : « J’avais peur qu’un petit quelque chose vienne me priver de la victoire au moment où je l’avais quasiment acquise » (source Wikipédia). Une phrase prémonitoire des 24 Heures du Mans 2016, que, à quelques jours des 110 ans de la première course au Mans, doivent méditer les pilotes de la Toyota n°5, en panne à 3 mn de l’arrivée.
Renault a fêté le 110ème anniversaire de cette victoire avec une présentation de la réplique de la voiture vainqueur lors de Rétromobile 2016, dans une présentation agrémentée de photos d’époque qui montrait bien le numéro 3A du vainqueur, hélas erroné sur la voiture présentée (la 2A est une Fiat classée 5ème).
Classement final du Grand Prix de l’A.C.F. 1906
- Ferenc Szisz, sur Renault (pneus Michelin), les 1238,160 km en 12h14mn07s
- Felice Nazzaro, sur Fiat (pneus Michelin), en 12h46mn26s3/5
- Albert Clément, sur Bayard-Clément (pneus Dunlop), en 12h49mn46s1/5
- Barillier, sur Brasier (pneus Continental), en 13h53mn
- Vicenzo Lancia, sur Fiat (pneus Michelin), en 14h22mn11s
- George Heath, sur Panhard-Levassor (pneus Michelin), en 14h47mn45s
- Paul Baras, sur Brasier (pneus Continental), en 15h15mn50s
- Arthur Duray, sur Lorraine-Dietrich (pneus Michelin), en 15h26mn01s
- « Pierry », sur Brasier (pneus Continental), en 16h15mn07s
- Camille Jenatzy, puis Burton, sur Mercedes (pneus Continental), en 16h18mn42s
- Mariaux, sur Mercedes (pneus Continental), en 16h38mn41s
Je viens de découvrir votre site et de lire cet excellent article. Quelles belles photos. Des instants de vie de ces hommes. Cordialement.
Alain du 79400
très bel article, au lendemain des 24 heures du Mans merci et bravo pour ce rappel…..
bien amicalement
Yves72120
Merci pour votre visite.
Bien à vous.