Une voiture historique, célèbre ou simplement originale. Une reproduction en miniature de cette automobile. Un rendez-vous mensuel…
Ce mois-ci, la Ferrari 125 / 159 S et sa reproduction au 1/43ème par Brumm. Première voiture de l’histoire de Ferrari, elle participe à sa première course le 11 mai 1947. Avec elle, nous saluons les 70 ans de Ferrari.
Le début d’un mythe
Sans réécrire l’histoire de Ferrari, rappelons nous qu’Enzo Ferrari a créé sa propre entreprise en 1939. Cette décision fait suite à un désaccord avec Alfa Roméo qui courrait alors sous la bannière de la Scuderia Ferrari.
Mais, comme dans le conflit qui les opposait, Alfa Roméo avait interdit à Ferrari de construire la moindre voiture sous son nom et ce pendant quatre ans, Enzo fonde Auto Avio Costruzioni et s’installe à Maranello. La première voiture sera la type 815 et elle sera engagée en compétition en 1940, mais la guerre arrête très vite toute activité de sport.
Dans une Italie vaincue, l’activité reprend et en 1947, Ferrari relance son entreprise, cette fois sous son propre nom puisque la longue période de guerre l’a libéré des contraintes imposées par Alfa Roméo.
Avec pour objectif la compétition, Enzo Ferrari va créer la première voiture à porter l’écusson Ferrari. Son expérience et l’observation des voitures allemandes avant guerre le persuadent de la supériorité du moteur V12. Il va faire ce choix et fait appel à Gioacchino Colombo pour la conception de ce moteur. Colombo est le père de la fameuse Alfetta mais il est tombé en disgrâce chez Alfa Roméo, Enzo Ferrari le récupère et s’entoure d’ingénieurs de renom comme Giuseppe Busso et Luigi Bazzi.
Les principes qui ont guidé la conception du premier modèle resteront fondamentaux pour Ferrari, Antoine Prunet, dans ses livres sur la Légende Ferrari, les avait définis ainsi : la recherche constante de performances exceptionnelles, une lutte acharnée contre le poids et un refus catégorique des solutions hasardeuses.
Le moteur est la base de la conception de la voiture, et le V12 de 1500 cm3 conçu par Colombo va prendre place sur un châssis léger et rigide composé de tubes de section ovale. La première carrosserie apparait sous la forme d’une barquette dont le dessin serait du Turinois Motto, c’est une voiture de taille modeste qui ne pèse que 750 kg, ce qui lui permet avec une puissance de 118 ch à 6800 tr/min d’atteindre 170 km/h.
La première Ferrari de l’histoire est dénommée 125 S, 125 étant la cylindrée unitaire du V12 (124,73 cm3), S étant pour sport.
Le 11 mai 1947, naissance d’une légende
Le 12 mars 1947, la voiture est prête pour ses premiers tours de roue, il reste deux mois de mise au point pour le premier engagement en compétition. Il aura lieu le 11 mai 1947 sur le circuit de Piacenza (Plaisance en français) lors d’une course régionale.
Deux pilotes ont été engagés Franco Cortese et Nino Farina sur deux 125 S aux carrosseries différentes, une barquette aux ailes enveloppant les roues (125 Sport) et une voiture en forme de cigare aux ailes type moto (125 Sport Compétition).
Cette dernière, après l’accident de Farina lors des essais, ne sera pas engagée en course, seule la barquette sera alignée avec Cortese.
La course commence mal, la faute à un problème moteur. Une fois résolu la Ferrari montre tout son potentiel et remonte à la deuxième place. Hélas, elle abandonnera à trois tours de l’arrivée mais elle aura montré un vrai potentiel, d’ailleurs, Enzo Ferrari en parlant de cette première course dira « C’était en tout cas un échec prometteur ».
Ce 11 mai 1947 peut être considéré comme la date de naissance de la légende Ferrari.
Le 25 mai 1947, première victoire d’une Ferrari
Après cette première course de Plaisance, la 125 S est alignée au Grand Prix de Rome, le 25 mai 1947. La concurrence est la même et on retrouve Maserati, Cisitalia, BMW… Franco Cortese sur la Ferrari 125 S prend la tête dès le départ, il domine la course et passe la ligne d’arrivée en première position. Il vient d’ouvrir une page importante pour Ferrari et la grande histoire du sport automobile, les pages de la victoire.
L’année 1947 va être fructueuse pour Ferrari puisque 7 victoires seront engrangées par la Scuderia sur une participation à 14 courses :
25 mai : Grand Prix de Rome – Franco Cortese sur 125 S
1 juin : Circuit de Verceil – Franco Cortese sur 125 S
15 juin : Circuit de Vigevano – Franco Cortese sur 125 S
29 juin : Circuit de Varese – Franco Cortese sur 125 SC (version compétition allégée)
6 juillet : Circuit de Forli – Tazio Nuvolari sur 125 SC (version compétition allégée)
13 juillet : Circuit de Parme – Tazio Nuvolari sur 125 SC, 2ème Cortese sur 125 S
12 octobre : 2ème Grand Prix de Turin – Raymond Sommer sur 159 SC
De la Ferrari 125 S à la 159 S
La Ferrari 125 S connaitra une évolution en cours d’année 1947. A partir du mois d’août, Ferrari va augmenter la cylindrée de sa voiture de sport, cette modification fait suite à l’échec de Cortese, le 20 juillet, sur le circuit florentin de Cascine, battu par des voitures de plus grosse cylindrée. Le moteur V12 est porté à 1902 cm3 et prend place dans le roadster 125 S sans modification de carrosserie, hormis deux prises d’air supplémentaires sur la face avant. Mais si la voiture est identique, son nom évolue toutefois en 159 S pour tenir compte de la nouvelle cylindrée unitaire de 159 cm3.
La première sortie de la 125/159 est effectuée le 15 août 1947 sur le Circuit de Pescara dans la Coppa Acerbo. Franco Cortese termine 2ème de la course et remporte la victoire de classe.
Dans une concurrence de plus en plus affutée, la Ferrari 159 S va être moins dominatrice et il faudra attendre la fin de la saison pour terminer l’année 1947 par une victoire, ouvrant ainsi la voie à l’année 1948 et la future 166 S.
La Ferrari 125 / 159 S traitée au 1/43ème par Brumm
Il aura fallu attendre les années 1970 pour que les industriels de la voiture miniature s’intéressent réellement à l’histoire de la course automobile. Si Ferrari a très tôt intéressé les fabricants, il fallait une démarche historique pour remonter aux débuts, à 1947. Il y a bien eu les artisans comme John Day mais c’est la Société Brumm qui a permis d’écrire l’histoire de Ferrari.
Brumm est une marque italienne créée en 1972, spécialisée au début dans l’histoire du transport et de la locomotion. Son nom provient d’ailleurs du dialecte « el Brumm » qui signifie brumista, conducteur de chariots dans les rues de Milan à la fin du 19ème siècle. Brumm produit des calèches puis les premiers véhicules à vapeur comme le Fardier de Cugnot.
Son concurrent direct, l’italien Rio, était alors positionné sur les véhicules classiques de la première moitié du 20ème siècle, Brumm a donc rapidement évolué vers les voitures de course des années 30 à 50. Les marques italiennes ont été naturellement privilégiées, Fiat, Alfa Roméo, Lancia et bien sur Ferrari. Pour autant on retrouve beaucoup d’autres marques comme Porsche, Mercedes, Jaguar…
Dans les années 1980, alors que les grandes marques historiques étaient mal en point voir carrément disparues, les collectionneurs se sont massivement tournés vers les marques conçues pour eux. La miniature n’est alors plus un jouet mais une maquette, la marque Brumm va trouver sa place dans ce nouveau paysage avec une approche historique.
L’engouement pour l’histoire de Ferrari est particulièrement important et Brumm répond aux attentes en proposant de nombreuses voitures ayant forgé la légende Ferrari.
Ainsi, la première Ferrari, la 125 S, va intégrer le catalogue Brumm vers 1986 sous la référence 183, dans la série Oro. La finition la plus courante est celle du Circuit de Pescara, course terminée comme on l’a vu précédemment, à la 2ème place. Brumm ne fait pas la distinction entre 125 S et 159 S, il est vrai que l’aspect extérieur est le même. La boite couleur or précise le type et la course, la voiture est livrée en boite vitrine plastique.
Les modèles Brumm de cette génération ne sont pas irréprochables en matière de fidélité, la 125 / 159 S est en ce qui la concerne plus petite que le 1/43ème, il manque par exemple 5mm à l’empattement. Pour le reste, la voiture est correcte et reflète bien les formes générales.
A ce propos, il faut préciser que le travail des modélistes n’est pas simple, le fait que le véhicule n’existe plus et l’absence de documents cotés obligent à se référer aux seules photos d’époque. C’est cette référence, à des photos noir et blanc, qui a amené à produire des répliques en rouge vif (le fameux rosso corso), or, il s’avère que les premières Ferrari étaient plutôt rouge sombre tirant sur le carmin, en quelque sorte un bordeaux clair.
Ainsi, la 159 S est tout d’abord reproduite par Brumm en rouge vif, il faudra attendre les nouvelles versions de 2008 pour qu’elles soient peintes en bordeaux (trop foncé à mon avis), il faut dire que Ferrari venait de faire réaliser une réplique à l’échelle 1 de la 125 S, dans cette couleur.
Au delà des considérations de nuances, la 159 S Brumm a fort logiquement la conduite à droite, l’intérieur est bien détaillé et les grilles de ventilation bien présentes.
Pour parfaire le modèle, on peut peindre le volant et signifier en peinture les deux nouvelles prises d’air de l’avant. Les roues à rayons sont en plastique chromé, elles peuvent être atténuées à la peinture grise. Elle porte les numéros 21 conformes à ceux de la course de Pescara.
Les modèles des années 80 se trouvent encore facilement, ils ont été réédités en 2008 et 2010 dans des versions complémentaires dans la série Revival sous les références 182, 183 et 264.
Pour conclure, précisons que IXO a produit une Ferrari 125 S qui a servi de base au modèle économique Altaya. Elle est en version présentation (sans numéro), de dimensions plus proche du 1/43ème que la Brumm. Complémentaire, le modèle est intéressant à posséder, il est rouge vif, laissant le débat ouvert sur la couleur exacte.
Article mis en ligne le 11 mai 2017, jour du 70ème anniversaire de la première course d’une Ferrari.