Une voiture historique, célèbre ou simplement originale. Une reproduction en miniature de cette automobile. Un rendez-vous mensuel…
Ce mois-ci, la Renault Dauphine et sa reproduction au 1/43ème par C.I.J. Il y a 60 ans, au jour et à l’heure précis de la mise en ligne de cet article, la Dauphine était dévoilée au public. Le succès est immédiat et C.I.J va être le premier à produire la Dauphine en miniature.
La Dauphine a 60 ans
C’est donc le 6 mars 1956 à 18h30, que la Dauphine Renault était présentée à Paris, devant 20 000 personnes réunies au Palais de Chaillot. Simultanément, la nouvelle voiture est dévoilée chez tous les concessionnaires en France et à l’étranger. Deux jours plus tard, le 8 mars, la Dauphine est la vedette du Salon de Genève : la carrière de la petite Renault est lancée.
Il aura fallu cinq années d’études pour aboutir à ce projet puisque c’est en juillet 1951 que la décision de créer une nouvelle voiture est prise par Pierre Lefaucheux, le PDG de Renault. La 4CV est alors le modèle phare de la Régie mais l’on sait qu’il faut à peu près cinq ans pour créer une nouvelle voiture. Or, une enquête menée début 51, montre que les gens aspirent à plus de confort dans cette France de l’après-guerre, où le niveau de vie augmente rapidement.
Le nouveau projet, qui porte le numéro 109, doit répondre à un cahier des charges contraignant puisque la voiture doit utiliser un maximum d’éléments de la 4 CV, avoir quatre portes et quatre places, un vaste coffre à bagages, être facile d’entretien et d’un prix de revient aussi bas que possible.
Le premier prototype sort du Centre Technique de la Régie le 24 juillet 1952. Les lignes, à quelques exceptions près, sont définitives. Une trentaine de voitures est fabriquée pour la réalisation des essais, deux millions de kilomètres seront parcourus sur les routes d’Europe.
Mi 1953, Renault prend la décision de consulter le carrossier italien Ghia et son styliste Luigi Segre afin de modifier l’arrière de la carrosserie, notamment les ailes et la découpe pour canaliser l’air vers le radiateur arrière. Puis la cylindrée du moteur est augmentée à 845 cm3 pour favoriser les reprises jugées trop faibles. Le 6 janvier 1954, le projet 109 et sa mise en production sont validés.
Pierre Lefaucheux suit de près l’évolution du futur modèle mais il décède accidentellement le 11 février 1955 après que sa Frégate ait quitté la route et heurté une borne. Sa valise posée sur la banquette arrière, le frappe mortellement à la tête. Pierre Dreyfus lui succède le 1er mars 1955 ; bien sûr, il poursuit le projet.
Le lancement de la nouvelle petite Renault est prévu pour début 1956. C’est l’usine de Flins (qui s’appellera Usine Pierre Lefaucheux) qui construira celle qui ne s’appelle pas encore Dauphine. Ce nom sera trouvé lors d’un dîner présidé par Fernand Picard, le directeur des études, à l’auberge de Port-Royal. Il est attribué à un collaborateur qui s’exclame alors: « La 4CV est la reine du marché ! La nouvelle venue ne peut être que sa dauphine ! »
Début février 1956, on prépare dans le plus grand secret une campagne d’essais destinée aux journalistes. Six Dauphine sont transportées à Ajaccio et c’est sous la neige que les reporters prennent possession des véhicules pour les essais avec l’engagement de ne rien publier avant le 1er mars 1956. Les paysages de Corse serviront de décor pour les premières photos diffusées aux concessionnaires par la Régie pour la présentation de la Dauphine, le 6 mars comme on l’a vu précédemment. Le succès est immédiat et les commandes affluent dès le salon de Genève.
Vendues au prix de base de 554 000 francs, les premières Dauphine sont livrées dès le printemps.
Sur le plan technique, la Dauphine, qui mesure 3,95 m pour 630 kg, possède une carrosserie monocoque autoporteuse en tôle d’acier, les ailes avant et arrière sont boulonnées à la caisse, le capot s’ouvre à contre sens de la marche. Elle possède une suspension à quatre roues indépendantes avec ressorts hélicoïdaux et amortisseurs hydrauliques télescopiques, des triangles superposés et une barre stabilisatrice à l’avant, un essieu brisé à l’arrière. Les freins sont à tambour sans assistance. Les roues en acier embouti sont équipées de pneus de 135×380. Le moteur de la Dauphine, situé à l’arrière, est le bloc en fonte avec culasse aluminium « Ventoux » de quatre cylindres en ligne de 845 cm³ développant 30 ch SAE. Il permet une vitesse maximale de 115 km/h pour une consommation d’environ 6,5 litres aux 100 km.
La carrière de la Dauphine va durer 11 ans : de 1956 à 1967, elle sera construite à 2 150 738 exemplaires, en étant en tête des ventes en France de 1957 à 1961. L’esthétique de la voiture évoluera peu mais des versions viendront enrichir le modèle de base. Les plus significatives étant l’Ondine et la Gordini, sans oublier la 1093 destinée à la compétition.
Si la tenue de route de la Dauphine est moyenne en ligne droite, elle se révèle très vive en virage, une qualité qui sera exploitée en Rallye où elle remporte des victoires significatives comme le Monte Carlo 1958 et les Tours de Corse 1956, 1958, 1959 et 1962.
La Dauphine C.I.J. pour une dernière exclusivité
Le succès de la Renault Dauphine va se ressentir dans le monde des petites voitures, elle va ainsi rapidement devenir une des autos les plus reproduites en jouet dans sa période de production, et encore de nos jours dans le monde du modélisme.
De nombreuses marques ont mis la Dauphine à catalogue à la fin des années 50 : Dinky Toys, JEP, Norev, Minialuxe, Lion… Mais c’est C.I.J. qui dégaine le premier dès le printemps 1956, et ce grâce à son exclusivité avec la marque au losange. On l’a vu dans le « une voiture, une miniature : la Renault Nervasport de record 1934 » du mois précédent, C.I.J. et Renault ont signé en 1934 un accord pour la reproduction des jouets Renault.
En 1956, malgré la période de guerre, l’accord tient toujours et C.I.J. va produire la Dauphine au 1/43ème en zamak et au 1/10ème en tôle peinte et lithographiée. Cette dernière finition, demandée par Renault, va poser des problèmes de qualité, ce qui va créer un profond désaccord entre les deux sociétés et entrainer la résiliation du contrat d’exclusivité.
Nous sommes en 1957 et la porte s’ouvre pour tous les autres constructeurs de voitures miniatures, Dinky Toys en tête. Mais la petite C.I.J. reste la première, c’est donc elle que nous avons choisi pour cet anniversaire.
La Renault Dauphine modèle 1956 est réalisée en zamak par la Compagnie Industrielle du Jouet sous la référence 3/56. Dépourvue d’aménagements intérieurs et de vitres, la Dauphine est un bon modèle, au lignes fidèles. Le châssis est en tôle riveté sur la carrosserie, les détails comme les phares et les pare-chocs sont peints en aluminium. Les jantes en plastique rouge sont également peinte en alu et reçoivent des pneus en caoutchouc blanc. La première version C.I.J. sera produite en teinte unie, mastic, rouge, bleu ou vert, puis en version bicolore, jaune paille avec toit et flamme noir, rouge ou vert. A partir de 1959, le modèle reçoit des vitres et une suspension, adopte la référence 3/56S et une boite de type Europarc.
Le succès de la petite C.I.J. sera assez mesuré du fait de la production dès 1957 de la Dauphine dans d’autres marques. La concurrence la plus rude viendra d’ailleurs de Dinky Toys dont la Dauphine est, il faut le reconnaitre, mieux réussi, c’est un point qu’on abordera dans un autre article. Pourtant C.I.J ne manquera pas de faire évoluer son modèle en le transformant en versions Taxi et Police très bien réalisées.
Le prix d’une Dauphine C.I.J neuve en boite tourne autour de 120€ pour le modèle uni et 150€ pour la bicolore. Ces modèles sont aussi disponibles en copie commercialisée par Norev pour une trentaine d’euros.
Bonjour,
Je viens d’en trouver une, bleue, avec des pneus noirs.